Une idylle quand même

Le compositeur Pierre Jodlowski et la poétesse Laure Gauthier développent en résidence à Césaré un dispositif à mi-chemin entre l’installation (vidéos, voix off, musique) et la performance (voix et électronique live).

À partir de poèmes inédits de Laure Gauthier, les deux artistes tissent depuis aujourd’hui le fil de la mémoire, laissant émerger des lieux et des paysages réels ou fantasmés. On traverse des poèmes de bocage et des poèmes de deuil : le deuil, expérience que nous devons, un jour ou l’autre, traverser… le bocage, un paysage qui existe en différentes régions et dans différentes cultures, une sorte de non lieu naturel, une zone de frontières poreuses.

À partir de prélèvements filmiques du bocage du Cotentin (près, haies, littoral, mares etc.), d’un récit cadre en voix off et d’une bande son (électroacoustique et concrète) l’installation donne à éprouver des lieux à la fois concrets et abstraits, intimes et ouverts qui nous parlent depuis une histoire singulière, celle de l’autrice qui a perdu sa mère, et fait résonner notre société de consommation avec les années 80 où l’on construit des cabanes en écoutant Jimmy Sommerville, où les pommes golden remplacent les pommes à cidre.

À l’aide d’un large instrumentarium électroacoustique, Pierre Jodlowski construit la bande son d’un monde onirique avec des temporalités multiples invitant les spectateur.ice.s à une anamnèse : il dialogue avec la voix de l’autrice en performance et déploie des espaces-temps complexes dans les vidéos qui s’inscrivent en contrepoint du texte.